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Le Club des lo(o)seurs
1 novembre 2007

Le double effet kisscool

KissCool01

Note : Je parle ici de viol, en particulier de celui que j’ai subi il y a quelques années. Si vous me connaissez alors vous devriez peut être attendre un autre billet.

1 viol sur 11 fait l'objet d'une plainte (ENVEFF 1999 http://www.univ-paris1.fr/IMG/pdf/enveffrapportidf.pdf). 91 % des victimes sont de sexe féminin. Enfin bon il semble que les hommes aient encore plus de mal a porter plainte que les femmes donc qui sait en fait.

Le truc qui est encore mieux est que les « survivants » de viols sont plus susceptibles d’être à nouveau victimes de violences.

Donc en fait c’est le double effet kisscool… Non seulement il faut faire face à toutes les réactions les plus variées, mais en plus on a toutes nos chances d’avoir à refaire face à ça un jour. Trop bien !

Il existe une grande variété de sites sur internet de description de viol et de conseils aux victimes. Mon expérience ? Votre imagination vous peint probablement une image aussi effrayante que tout ce que je pourrais vous dire. Hollywood est extrêmement efficace aussi pour vous dépeindre des scènes d’une rare violence. Dans mon cas je dois dire que la scène était surtout d’une grande médiocrité. Deux gars bien muscles avec un couteau dans un ascenseur et une victime (moi) paralysée par … au départ la surprise d’une situation aussi inhabituelle et puis par la peur devant l’exultation d’un de mes assaillants devant mon sang. Je ne me suis pas défendue, je n’ai pas crie, je ne les ai pas frappes et ils ne m’ont pas tuée, (à posteriori je ne suis pas persuadée qu’ils m’auraient tues si je m’étais défendue. Le fait est que je ne me suis pas défendue et que c’est comme ca) donc en fait ma première réaction fut d’être soulagée, soulagée qu’ils ne m’aient pas tuée. Ma deuxième réaction a été de trouver quelqu’un dans l’appartement que j’occupais pour que cette personne puisse aller appeler la police parce que le locataire de l’appart n’avait pas paye sa facture de téléphone donc l’appart n’avait plus le téléphone. Ni l’eau chaude d’ailleurs. La troisième chose que j’ai faite a été de ne pas prendre de douche. Parce que prendre une douche c’est oblitérer toute possibilité de faire valoir ma plainte.

Porter plainte a été pour moi une évidence. C’était simple, ils m’avaient fait du mal et ils devaient être juges. C’était des étrangers. Parce que c’est plus simple quand ce sont des étrangers.

Je n’ai pas eu l’occasion de reporter plainte mais en 1993 (92 ?) ce fut une certaine épreuve. Attendre en essayant d’expliquer a mon pauvre colo ce qui c’était passe. Passer 1h dans la voiture de police (a l’arrière bien sur) pendant qu’ils me conduisent jusqu'à l’hôpital. L’examen médical avec l’infirmière qui se permet des réflexions vraiment déplacées (sur le coup je les aie trouvées plus accusatrices que déplacée les réflexions de cette pauvre c@@@ d’infirmière), l’interne ou médecin qui préférerais être en train de faire une autopsie que d’être la. A la limite il était sympathique ce docteur. Sa gène était à la fois touchante et rassurante pour moi. Rassurante car a aucun moment je n’ai eu l’impression qu’il ne me croyait pas. Je n’ai aucun souvenir de ce a quoi il ressemblait. Je me souviens néanmoins de son soin à ne pas me faire mal. Merci Docteur.

Heureusement pour moi mes assaillants avaient déjà attaque plusieurs touristes dont certaines avaient porte plainte, surtout d’ailleurs celles qui avaient fini a l’hôpital en urgence. Donc au moins la police locale a partiellement cru à mon témoignage.

Evidement il a fallu répéter ce témoignage plusieurs fois. Je me souviens de 3 fois dans les premières 24 heures. Et puis plusieurs fois une fois rentrée chez moi parce que Interpol veux que mon commissariat local prennent encore une déposition.

Ah oui ! Comme vous vous le demandez sûrement comment se sont ils retrouves dans le même ascenseur que moi ? Je leur ai ouvert. (Enfin c’est la version résumée mais… Vous habitez dans un immeuble et vous ne connaissez pas vos voisins, avez-vous déjà laisse entrer quelqu’un derrière vous ?)

Très franchement je ne suis pas sure que cela soit possible de faire la même déposition sur un acte traumatisant. En fait mes souvenirs se sont estompes rapidement, comme un cauchemar, un film que j’aurais vu. Restent, quelques sensations qui brutalement me font peur sans que je puisse savoir pourquoi, mais c’est rare.

Porter plainte ne m’a pas venge. Reconnaitre les assaillants et savoir qu’ils ont été juges non plus. Aucune idée de s’ils ont été en prison. Je suis loin et ma vie est plus douce que la leur de toutes manières. Et ca, ca me venge tous les jours.

Pour le deuxième effet kisscoll ça sera un autre jour.

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