Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Club des lo(o)seurs
28 mars 2008

L’élitisme débridé ou une autre version du conformisme?

bon_pointComme je vis à l’étranger je donne en général procuration à quelqu’un pour les votes variés qui jalonnent ma vie civique.

Il y a quelques années j’ai donné procuration à ma maman, la procuration étant signée, je lui ai fait part de mes souhaits et elle m’a répondu « c’est pas la peine de voter pour lui il ne va jamais gagner ». Quelque part j’en suis restée pantoise… Je ne doute pas d’ailleurs qu’elle ait utilisé ma procuration pour voter comme elle le souhaitait. Ca ne me gène pas tant que ca car nous avons des idées politiques assez proches mais le concept de voter pour gagner était nouveau pour moi.

Plusieurs années après j’ai découvert un concept qui m’a fait penser à cette phrase, le concept de la Tyrannie de la majorité en parlant de la démocratie (cette citation ayant été utilisée par Tocqueville, Nietzche, Mill etc.. je ne saurais donner une citation exacte). J’ai donc associe l’idée de gagner un vote à l’idée de trouver quelqu’un dans la majorité qui représente, au moins partiellement, ses propres intérêts de façons à être protégé de la ‘tyrannie’.

Aujourd’hui je remets en question cette analyse. Je me demande si l’important n’était pas en fait de …. Gagner.

La semaine dernière j’ai fait des analyses de sang. Ces analyses n’étaient pas de pronostic vital, ne servaient pas à diagnostiquer quoi que ce soit et sont d’un intérêt limite. En fait elles ne servaient qu’a évaluer une probabilité de potentiel (j’adore la ‘probabilité de potentiel’, on s’enfonce dans les méandres de la stupidité utile, plus flou que ca tu meurs). Cela n’est pas clair, je vais essayer autrement : ces analyses ne servaient pas à grand-chose d’autre que de voir si le facteur prédictif primaire était aggravé par des facteurs secondaires. Non ? Toujours pas claire ? Ok, mon médecin généraliste n’avait en 30 ans de carrière JAMAIS entendu parler de ce protocole et je ne suis pas malade. Donc vous voyez comme c’était vital comme analyse. Les résultats de ces analyses furent PARFAIT. Je suis tellement dans la norme que…. On ne peut que fier qu’au facteur prédictif principal qui est…. Mon âge. Oui, je connaissais mon âge avant de faire les analyses. Donc en vérité je ne suis pas plus avancée. Mais ces résultats m’ont vraiment fait plaisir. Plaisir non seulement dans le sens « Ah je suis en bonne santé », ce qui ne devrait pas être fondamentalement une nouvelle puisque je ne me sens pas malade et que je n’ai aucune raison de penser que je le sois, mais aussi dans le sens « Je suis dans la majorité ». Voire même comme les résultats sont plutôt du coté positif de l’échelle des valeurs normales « Je suis mieux ». Scientifiquement cela n’a aucun sens. Les valeurs normales sont… normales et d’être d’un cote ou d’un autre ne signifie, strictement rien… Mais je suis tout de même contente sans raison particulière.

J’ai en quelque sorte eu une bonne note. J’ai excelle dans ces examens. J’ai gagné. Mon corps a bien voté en quelque sorte.

La seule chose qui a changé en fait c’est que la probabilité d’événement est passée de 8% à ….8%.

Ah oui... Ca claque ca...

Donc ma joie ne peut s’expliquer que par le fait que mes analyses soient dans la norme ou ‘arbitrairement’ presque mieux. Au fait vous ais-je suffisamment dit que les marges d’erreurs sont assez grandes dans ces analyses là? Et que les résultats ne sont pas immédiatement corrélés avec la probabilité d’événement ?

Donc en fait il ne me reste que la joie du conformisme et la joie d’avoir réussi un ‘examen’.

En fait je me demande maintenant combien de mes petites joies quotidiennes (les grandes aussi mais bon) sont directement comparables ?

Par exemple :

- J’ai bien mange (dans les sens ‘j’ai absorbe une quantité de nourriture suffisante mais non excessive’ à ne pas confondre avec ‘j’ai mange des bonnes choses’).

- J’ai bien travaillé (ca ne va faire aucune différence dans la vie de personne ni même de la compagnie qui m’emploie mais j’ai bien travaillé)

- J’ai bien dormi (quelle abnégation !).

- J’ai raison (j’ai gagne la discussion, il ne s’agissait pas d’échanger des points de vue ou d’entendre ce que TU a à dire mais bien de te prouver que je sais mieux)

- J’ai encore raison….

D’ailleurs est ce que j’aime bien étudier parce que j’aime le savoir ou est ce que j’aime étudier parce que je réussis les examens ?

Enfin, en même, temps j’ai bien réussi mes analyses.

Publicité
Commentaires
Publicité
Publicité