Quand il neige à Paris tout est silencieux le matin. Les bruits sont ouatés, les gens soit restent chez eux soient contemplent la neige avec émerveillement et en silence.
Quand il neige à Dresde c’est l’hystérie. Les gens sortent, s’extasient bruyamment, sortent les luges, les pelles les brosses et commencent à créer de joli petits chemins dans la neige. Tout le monde est dehors. Du bébé d’une semaine à la mamie de 99 ans… C’est la super fête du début de l’ hiver. On se précipite vers les baraques de glu-wine, on se donne l’ accolade, c’ est festival ! (le tout vers 7h30 du matin)
Quand on est comme moi une habituée des pays tempérés, ca veux dire qu’on ne peux plus reporter l’inévitable. Il faut maintenant aller acheter un manteau chaud et des chaussures chaudes-et-antidérapantes. L’année dernière ce moment était arrive en Janvier et j’étais revenue avec l’option bibendum, en rouge pompier (pour qu’ on me voie dans la neige si je tombe et je perds connaissance) , avec comme longueur… « couvre le rein ». Lorsque j’avais étrenné cette merveille de sexytude mes collèges de bureau m’avaient regardée d’un œil amusé en me demandant s’il y avait une capuche.
Non il n’y avait pas de capuche. A noter également qu’ il n’y avais pas de manchons au manches, et que la longueur était celle d’ un blouson. J’ai vu dans l’œil de mes collègues qu’ ils avaient senti ma faiblesse… J’ ai eu peur qu’ils attaquent en bande si je les provoquais plus avant alors je n’ai pas acheté de chaussures chaudes-et-antidérapantes.
Il s’avère que nous avons eu un hiver extrêmement doux. Il n’a fait que -7 (Enfin -7 en température maximale journalière pendant à peu près 1 mois). -4 pendant 6 mois. Enfin donc, les locaux se sont accordes pour dire que nous n’avions pas eu d’hiver et qu’il n’y avait pas assez neige et que vraiment ça leur manquait les hivers d’autrefois.
Aujourd’hui, donc, avec l’arrivée de la neige et un -7 planifie pour demain j’ai décidé d’affronter ma peur. Je suis partie à la recherche d’un manteau vraiment chaud et de chaussures chaudes-et-antidérapantes.
Je n’était pas la seule dans ma quête. Les locaux étaient venus en masse. Les manteaux d’hiver étaient la, les chaussures aussi. Tout était prêt. A la dérobée, j’ai observé les autochtones dans leur environnement naturel. Ici une dame qui semblait relativement confiante prenait une chaussure, jaugeais la semelle, la hauteur de tige et la doublure en peluche et reposait la chaussure avec un air dégouté. Cette même chaussure que j’avais sélectionné pour sont cote chaud-et-antidérapant. Je m’aperçus alors d’un truc horrible : je ne suis absolument pas qualifiée pour choisir des chaussures pour l’hiver.
Je suis incompétente du froid.
Face à toutes ces petite bottines en Goretex fourrées en laine polaire noires avec des doublures oranges mon œil était irrésistiblement attire par des bottes à semelles fines en pseudo croco rouge.
Finalement avoir un petit ami allemand ne serait pas seulement bien pour apprendre à parler allemand mais aussi pour me donner des conseils contre le froid. En même temps… J’ai vraiment besoin de mes doigts de pieds ?
Il doit y avoir une vingtaine de magasins de chaussures de marques différentes au centre de Dresde. Je les ai tous faits. A mesure que la liste de magasins à faire raccourcissait mon incompétence était plus pesante. Alors j’ai commence à prendre des chaussures au hasard et à les reposer avec un air dégouté.
Et puis j’ai guetté le touriste aussi perdu que moi.
Lorsque j’eu fini tous les magasins je n’avais essaye qu’une paire de chaussures. Des bottes en daim grises. Récapitulons le cahier des charges du début :
- Longueur au dessus de la cheville pour pas que la neige passe par au dessus : OK
- Pas trop haut pour que je puisse porter ça avec tout mes vêtements : perdu
- Respirables : perdu la doublure est en ventre de poney synthétique, je vais suer du pied, ca va puer. Top.
- Semelles antidérapantes : heu je sais pas… Il faudra que j’essaye parce que là comme ça je serais pas vous dire s’il vaux mieux tabler gros crampons façon 4x4 ou gomme mole lisse façon pneu contact.
- Pas de talons : presque Ok.. juste un tout petit…
- Imperméables : perdu. (enfin j’ai bien pulvérisé le truc… )
Bon ben voila. 1 ok, 1 « je sais pas » et 3 perdu. Visiblement je suis sur une piste là.
A noter que le Dresdien en plus de savoir comment choisir ses chaussures sait comment marcher… Oui, il peut évoluer avec une certaine grâce et une grande rapidité en posant le pied complètement à plat pour maximiser la surface de contact sol-semelle. Ils ont développé une démarche d’hiver. Moi je stretche mes abducteurs en faisant des grand écarts tous les trois pas. C’est un autre style..
Donc après les magasins de chaussure j’ai eu un grand moment de solitude.
Je suis donc entrée dans un magasin d’électronique.
Et puis après je suis partie à la recherche du manteau.
J’ai fait 6 boutiques.
J’ai vu 4 modèles de manteaux. Le manteau en peau de lapin qui pèse une vache morte. Le manteau bibendum qui vous entrave complètement dans vos mouvements car il vous arrive aux pieds. Le manteau sans capuche qui est pas assez long alors quand il y a du vent vous avez un courant d’air mal placé (il y a très souvent du vent à Dresde). Le manteau en plastique brillant à peine doublé.
Mon cahier des charges était simple. Double col, manchons aux manches pour pas que le froid il s’engouffre, mi-cuisse pour pas que le vent il me congèle le bonbon, capuche parce qu’ici ça sert à rien le parapluie vu que la pluie elle est toujours parallèle au sol à cause du vent.
A la fin des boutiques modes et moins modes j’avais fait choux blanc. J’ai donc abdiqué. J’ai demandé à une vendeuse.
J’ai maintenant l’option bibendum en tissus brillant (mais « mehr robuste ») qui arrive aux genoux.
Maintenant j’ai l’air d’un babouine enceinte quand je fais mes grands écarts.
Alors je suis rentrée chez moi.
J’ai pulvérisé mes bottes grises… J’irais m’acheter des bottines de vieille la semaine prochaine.
J’ai pulvérisé mon manteau bibendum Noir… mais qui a des manchons. Et qui protège le bonbon du froids, et qui a une capuche doublée de chaton. D’ailleurs je crois bien que c’est la doublure de la capuche qui m’a plus. Le chaton c’est douillet.
J’ai pleuré un peu.
Puis j’ai sortit mon petit cachemire noir et je l’ai un peu caressé et ça a été un peu mieux.
Puis j’ai déballé ma nouvelle manette Wii sans fil et mon nez s’est arrêté de couler…
Puis j’ai déballé ma nouvelle brosse à dent électrique avec monitoring déporté et mes larmes se sont taries.
Je vais gravement me peler cet hiver. Je vais risquer ma vie à chaque pas, je vais ressembler à bibendum (mais noir).
MAIS ! Pour savoir si j’appuie trop sur ma brosse à dents quand je me brosse les dents il me suffira de regarder ma station sans fil. Qui me donnera l’heure également. (Non mais sérieux, qui a eu cette idée grotesque?).
Et puis mes collègues de bureau qui EUX savent comment choisir les truc d’hiver, eh bien il ont qu’a tous aller mourir….
J’aime pas être perdue..
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